ANI - Le Premier ministre, Nawaf Salam, et le ministre de la Culture, Ghassan Salameh, ont inauguré une exposition de photographies en commémoration de la guerre civile, intitulée "Cinquante en Cinquante", au siège de la Bibliothèque nationale - Sin el Fil, en présence de plusieurs ministres, députés et représentants des corps diplomatiques, politiques et sociaux.
L'exposition présente des images de la guerre civile provenant du groupe de presse "An-Nahar", de "L'Orient-Le Jour", du photographe Don McCullin ainsi que des périodiques issus des archives de la Bibliothèque nationale par divers photographes.
Avant l'inauguration, Salameh a prononcé un discours dans lequel il a déclaré : "Cinquante ans ont débuté, une guerre est une guerre parmi d'autres. Nous avons combattu entre nous, et nous avons combattu d'autres personnes, d'autres se sont battus chez nous, et d'autres se sont affrontés entre eux chez nous et contre nous. C'est une guerre dans des guerres, chacun de nous a son angle préféré pour la regarder, mais nous devons la considérer et lui faire face, car il est vrai que chacun de nous a le droit d'oublier, de tourner la page et de regarder vers l'avenir. Cependant, le droit à l'oubli est contrebalancé par le devoir de mémoire. Le devoir de mémoire envers les victimes qui sont tombées, envers les familles de ceux qui sont morts, ont été tués ou ont disparu durant cette guerre."
Il a ajouté : "Nous nous souvenons aussi pour réfléchir aux raisons qui nous y ont conduits, afin d'essayer, à l'avenir, de bâtir une immunité. C'est pourquoi j'ai l'honneur de demander au Premier ministre, Nawaf Salam, de prononcer un discours sur ce souvenir et son importance devant vous tous. Avant de terminer cette allocution de bienvenue, je tiens à dire qu'il y a d'autres occasions dans le pays pour cette commémoration, et que le ministère de la Culture soutient ces événements et les considère comme un phénomène sain, nécessaire et vital. Il honorera un groupe de journalistes dont vous pourrez visionner les travaux, tous réunis par un point commun : ils ont vécu cinquante ans en cinquante, ce qui signifie qu'ils travaillent depuis plus de cinquante ans à capturer ce qui s'est passé. Cela ne signifie pas qu'ils sont les seuls méritants de cette reconnaissance ; nous reconnaissons, admettons et respectons également le travail de tous les autres photographes, et nous respectons leur syndicat."
Pour sa part, le chef du gouvernement a prononcé un discours dans lequel il a déclaré : "Nous nous tenons aujourd'hui, en cette cinquantième commémoration du déclenchement de la guerre au Liban, non pas pour rouvrir des blessures qui ne se sont pas cicatrisées, mais pour nous rappeler des leçons qui ne doivent pas être oubliées, et pour raviver dans notre mémoire collective ce que notre pays a traversé en termes de douleur et de destruction, afin que ce souvenir constitue un rempart empêchant la répétition du drame que notre pays a connu.
Il y a cinquante ans, l'étincelle d'une guerre sanglante a éclaté, déchirant le Liban dans toutes ses régions, ses sectes et ses classes sociales pendant quinze ans. Des dizaines de milliers de victimes sont tombées, des centaines de milliers ont été déplacés, et beaucoup se sont perdus parmi les parents et les proches entre disparus et enlevés, dont le sort reste inconnu."
Il a ajouté : "Nous nous souvenons aujourd'hui de la violence de la guerre, des lignes rouges, vertes, et même noires qui ont coupé la géographie de notre pays et divisé nos villes et nos villages. Nous nous souvenons de la peur vécue par chaque Libanais chez lui, ou dans son lieu de travail, ou lorsqu'il tentait de se déplacer d'une région à une autre. Nous nous souvenons de notre capitale, Beyrouth, et de la façon dont elle est passée d'un centre de rencontre, de dialogue et d'interaction à un champ de bataille, de destruction et d'anarchie. Nous nous souvenons également du silence pesant qui a suivi la guerre, en particulier de la vérité qui n'a pas été révélée et de la justice qui n'a pas été réalisée. Chaque maison au Liban semble avoir une histoire en suspens liée à cette guerre : un mort non enterré, un enlevé qui n'est jamais revenu, ou une peur ancrée dans les âmes de la résurgence de ces jours sombres. Toutes ces histoires sont encore présentes parmi nous, elles nous invitent à la réflexion et nous obligent à méditer, mais aujourd'hui, nous ne nous tenons pas seulement pour nous souvenir du passé, nous cherchons également à envisager l'avenir. Cinquante ans se sont écoulés, et le Liban lutte encore pour renaître. Notre jeunesse qui n'a pas vécu la guerre vit aujourd'hui à l'ombre de ses conséquences, et paie le prix d'un système figé et d'intérêts étroits qui continuent de régner sur la nation, limitant leurs capacités et réprimant leurs ambitions."
=============D.CH.