ANI - (AFP) - Le Parlement arménien a voté mercredi pour lancer la candidature de ce pays du Caucase à l'Union européenne, cet ancien allié de la Russie cherchant à se rapprocher de l'Occident même si le chemin vers l'adhésion s'annonce long. Adopté en dernière lecture avec 64 voix pour, celles des députés du parti au pouvoir, et sept contre, le texte appelle le gouvernement arménien à lancer le processus d'adhésion à l'UE.
L'Arménie « annonce le lancement du processus d'adhésion (...) à l'Union européenne », peut-on lire dans le texte, qui avait avait été soumis aux élus en janvier par le gouvernement, et adopté en première lecture en février.
L'année dernière, une initiative civique, soutenue par des partis et organisations pro-européennes, avait lancé une pétition demandant le début d'un processus d'adhésion, qui avait recueilli environ 60.000 signatures dans ce pays de 2,7 millions d'habitants.
Depuis près d'un an et demi, cette ex-république soviétique multiplie les gestes de défiance à l'égard de la Russie, alliée historique qui lui a longtemps vendu des armes et dispose toujours d'une base militaire sur le territoire arménien.
En janvier, le Premier ministre Nikol Pachinian avait soutenu le projet d'adhésion à l'UE mais déclaré que l'adoption du texte par le Parlement ne serait pas l'étape finale. L'adhésion « ne peut se faire par une loi ou une décision du gouvernement, la décision sur ce sujet doit passer par une référendum », avait-il souligné.
Et jusqu'à présent, aucun État membre n'a publiquement soutenu une potentielle arrivée de l'Arménie dans l'UE.
La commissaire européenne à l'élargissement, Marta Kos, avait indiqué en janvier que Bruxelles « accepterait la demande d'adhésion si elle est faite ». L'UE avait lancé en 2009 un Partenariat oriental avec plusieurs pays, dont l'Arménie et l'Ukraine, proposant des relations économiques et politiques plus étroites en échange de réformes.
La Russie, de son côté, a prévenu qu'emprunter le chemin du bloc européen pourrait coûter cher à l'Arménie. Le secrétaire du conseil de sécurité russe, Sergueï Choïgou, a dit la semaine dernière qu'Erevan pourrait perdre son libre échange avec Moscou et faire face à une hausse des prix du gaz naturel russe, tandis que Moscou pourrait expulser un grand nombre de travailleurs arméniens sur son sol.
L'Arménie reproche, elle, à Moscou son manque de soutien face à l'Azerbaïdjan, qui a entièrement reconquis par la force, à l'automne 2023, la région azerbaïdjanaise à majorité arménienne du Karabakh, contrôlée pendant trois décennies par des séparatistes. Des soldats de maintien de la paix russes déployés dans le Karabakh n'étaient pas intervenus lors de cette offensive azerbaïdjanaise pour faire respecter un cessez-le-feu conclu fin 2020 entre Bakou et Erevan après une guerre de six semaines. La reprise de tout le Karabakh par l'Azerbaïdjan a contraint plus de 100.000 Arméniens à fuir ce territoire, par crainte d'exactions.
CPI et alliance militaire
Fin janvier 2024, l'Arménie a officiellement adhéré à la Cour pénale internationale (CPI), malgré les avertissements de Moscou, et elle est désormais tenue d'arrêter Vladimir Poutine s'il met le pied en territoire arménien, en vertu d'un mandat d'arrêt de la CPI délivré à l'encontre du président russe en mars 2023.
Une base militaire russe permanente se trouve toujours sur le territoire arménien, à Gyoumri, et Erevan reste membre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire pilotée par Moscou. En février 2024, le Premier ministre Pachinian avait néanmoins affirmé que l'Arménie avait gelé « en pratique » sa participation à cette alliance. En juillet de la même année, l'Arménie avait ensuite accueilli des exercices militaires conjoints avec les États-Unis.
En mars, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont annoncé s'être entendus sur un « accord de paix » pour régler leurs décennies de conflit. Le texte, fruit de très longues et complexes négociations, notamment sur la démarcation des frontières, n'a toutefois pas encore été signé.
Parallèlement, le gouvernement de la Géorgie, pays voisin de l'Arménie, s'est engagé selon ses détracteurs dans une dérive autoritaire et un rapprochement avec la Russie. En novembre 2024, il a suspendu tout processus d'adhésion à l'UE, en dépit de grandes manifestations d'opposition.
Troisième république du Caucase issue de l'URSS, l'Azerbaïdjan est pour sa part un proche allié de la Turquie, adversaire historique d'Erevan.
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