ANI - Le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, a fui samedi 9 juillet sa résidence officielle de Colombo quelques minutes avant qu'elle ne soit prise d'assaut par des manifestants exigeant sa démission. Le chef de l'État va démissionner le 13 juillet. De son côté, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe s'est dit prêt à démissionner en faveur d'un gouvernement d'union nationale. Mais en soirée, la résidence privée du Premier ministre était en flammes.
« Le président a été escorté en lieu sûr », a indiqué une source de la Défense. « Il est toujours le président, il est protégé par une unité militaire », a-t-elle ajouté. Il serait à présent gardé par l’armée, à un endroit inconnu. Gotabaya Rajapaksa se trouverait à bord d'un navire de la marine. Un responsable militaire a déclaré que le président resterait en mer jusqu'à ce qu'il puisse retourner sur le continent en toute sécurité, rapporte notre correspondant à Bangalore, Côme Bastin. Le plus grand trouble règne après ce nouveau pas franchi dans l’affrontement entre le président sri-lankais et sa population.
Samedi dans la matinée, une marée humaine de dizaines de milliers de personnes était rassemblée sur la baie de Colombo pour protester devant le bureau de la présidence, relate notre correspondant régional Sébastien Farcis. La police essayait de les disperser, et c'est là que la confrontation a commencé et que les manifestants ont décidé d’entrer dans le bâtiment, raconte Menaka Indrakumar, qui était présente sur les lieux : « C’était énorme ! Les policiers leur tiraient du gaz lacrymogène ou des balles en caoutchouc dessus, mais ils défiaient ces tirs, c’était dingue, comme dans un film. Ce président, il a toujours effrayé la population, mais maintenant, les gens n’ont plus peur. »
Beaucoup de monde étaient samedi après-midi toujours dans les rues de la capitale sri-lankaise, plusieurs centaines de milliers selon plusieurs sources. Une journée que beaucoup d'opposants considèrent comme historique.
Quelques heures après la fuite du président, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a convoqué une réunion d'urgence du gouvernement pour discuter d'une « résolution rapide » de la crise politique en cours. M. Wickremesinghe - qui est le prochain dans la ligne de succession si M. Rajapaksa démissionne - a invité les dirigeants des partis politiques à se joindre à la réunion, et a également demandé que le Parlement soit convoqué d'urgence pour discuter de la crise, a annoncé son bureau dans un communiqué. Gotabaya Rajapaksa a déclaré qu'il se conformerait à la décision rendue ce samedi lors de cette réunion d'urgence.
Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe s'est dit prêt à démissionner en faveur d'un gouvernement d'union nationale. « Pour assurer la sécurité de tous les Sri-Lankais, il est favorable à cette recommandation des responsables des partis de l'opposition », ont affirmé ses services dans un communiqué.
Il a demandé aux forces de sécurité et aux manifestants de faire preuve de retenue, rapporte notre correspondant Côme Bastin. Pour les responsables politiques, ces soubresauts ne doivent pas perturber le programme d’aide du Fonds Monétaire International à destination du Sri Lanka, seul espoir du pays pour sortir de la crise.
Mais cette stabilité politique semble déjà compromise puisque le Premier ministre a vu sa résidence incendiée samedi soir. « Des manifestants se sont introduits dans la résidence privée du Premier ministre Ranil Wickremesinghe et ils y ont mis le feu », ont indiqué les services du chef du gouvernement.
Rfi
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