ANI - Le ministre de la Culture, Raymond Araiji et la directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, ont lancé lors d'une manifestation culturelle organisée vendredi soir au Musée national, la campagne #Unite4Heritage, dans le cadre des efforts fournis par l'UNESCO en vue de mobiliser un soutien et d'encourager les jeunes arabes à la protection de la diversité et du patrimoine culturels.


"Je me réjouis de vous accueillir au Liban à l'occasion de votre tournée dans notre région du Moyen Orient dans le cadre de la campagne #Unite4Heritage, pour la protection des Patrimoines mondiaux de l'Humanité et que la Direction Générale des Antiquités en collaboration avec le Bureau Régional de l'UNESCO ont lancée dans le cadre du projet ARCHEOMEDSITES le 18 Avril 2015", a déclaré M. Araiji au cours d'une conférence de presse conjointe avec Mme Bokova.


"Vous y êtes la bienvenue, chère Madame Bokova, comme l'est toujours la Culture dans notre Pays, qui tient pleinement à son rôle de phare et de porte d'entrée de l'Orient. Dans ces temps tourmentés que traversent le Monde et notre région en particulier, votre démarche, qui s'inscrit dans le sens de la préservation du patrimoine matériel et immatériel des peuples, trouve tout son sens et son importance. Il serait en effet inutile de s'ingénier à répertorier et classer des sites et des oeuvres au Patrimoine de l'Humanité, si rien n'était fait par la suite, pour en assurer la protection et la pérennité", a-t-il dit.


Et d'ajouter: "Or, nous sommes confrontés aujourd'hui à la pire forme de barbarie qui s'acharne à anéantir des siècles de civilisation et d'évolution de la pensée, dans le but de résumer L'Histoire et la pensée à un temps zéro où l'Homme se retrouve asservi par l'Homme, et sa pensée pétrifiée dans le dogme et le fanatisme les plus primaires. Ainsi, les longs combats pour la liberté et la dignité humaine, engagés depuis les temps des Lumières, se trouvent effacés avec chaque document brûlé et reniés dans chaque vestige broyé. C'est pourquoi l'unité face à la barbarie est essentielle, puisqu'au-delà des patrimoines mondiaux qui appartiennent à l'Humanité, nous sommes tous concernés par ces attaques qui visent l'Humanité de chacun. En réalité, c'est en préservant et protégeant les racines identitaires des communautés visées par les épurations ethniques en cours, que nous pourrons combattre la stratégie diabolique qui vise à transformer leur exil forcé, en un exil définitif".


"Je suis heureux de voir que la convention contre le trafic illicite de biens culturels engagée par l'UNESCO en 1970 est en train d'être appliquée d'une manière de plus en plus rigoureuse en collaboration avec Interpol et les services douaniers internationaux et je ne peux que me réjouir d'une démarche aussi claire et déterminée. J'ai, en l'occurrence, exprimé mon inquiétude, à de nombreuses reprises déjà, notamment lors de ma dernière intervention au Caire il y a deux jours seulement, au sujet de ces pratiques illégales et illégitimes qui consistent à piller le patrimoine des peuples opprimés et massacrés, ce patrimoine qui se retrouve par la suite sur les marchés noirs internationaux. Et de constater que dans leur idéologie radicale, ces funestes groupuscules trouvent toujours le moyen d'aménager une brèche servant leur cynisme et leur mercantilisme", a indiqué le ministre.


"J'ai insisté sur la nécessité de renforcer la coopération entre les administrations des différents pays à tous les niveaux, dans l'intensification du contrôle aux douanes, la généralisation des échanges d'informations et évidemment sur le durcissement des peines prononcées, autant pour le trafic que le recel des objets archéologiques et patrimoniaux concernés. J'ai également soulevé l'importance de communiquer au sujet du recel, à travers des campagnes de médiatisation et de sensibilisation mettant en avant la gravité de ce délit qui contribue à nourrir et financer indirectement ces dangereuses milices. Dans ce domaine, l'UNESCO peut compter sur la coopération totale du Liban avec la campagne Unite4heritage auquel nous adhérons entièrement; car notre choix est clair et il est celui de la liberté et de la démocratie. Notre exemple de multiculturalisme et de pluralisme confessionnel est un modèle de coexistence possible, et il est le seul garant de la modernité et du progrès", a-t-il souligné.


"J'inaugure tous les jours des expositions et des festivals, et je constate à quel point mon Pays est un réservoir de créativité et une mine de volontés. Je tente tous les jours de soutenir et d'encourager ces initiatives qui éclairent le visage civilisé et moderne du Liban que j'aime. Je le fais avec ferveur et conviction, car je considère que ces actions sont de vrais actes de résistance et un refus catégorique du modèle obscur et obscurantiste que certains tentent d'imposer. J'ai effectivement fait de la "résistance culturelle" mon credo. Le message qu'envoie le Liban à la communauté internationale à travers votre visite, est autant un message d'ouverture qu'un appel à une prise de conscience urgente de la situation délicate qu'il traverse, puisqu'il constitue un arrière-poste dans la lutte contre les attaques idéologiques et militaires qui s'abattent sur notre région. Il nous faut agir et réagir pour que le Liban reste et demeure ce " Pays-message ", messager du dialogue des cultures, de la démocratie et de la liberté", a conclu M. Araiji.


Pour sa part, Mme Bokova a déclaré que "la région du Moyen-Orient était toujours un exemple de coexistence religieuse et de diversité culturelle", braquant les projecteurs sur les collections diversifiées qui se trouvent au Musée national, "lesquelles constituent une preuve claire sur le mélange des cultures dans cette région".


"Nous n'avons pas témoigné dans l'histoire moderne d'une destruction systématique et délibérée de la diversité culturelle, comme c'est le cas aujourd'hui en Irak et en Syrie", a-t-elle dit, qualifiant cette démarche de "purification culturelle" et indiquant que "les extrémistes savent bien que le patrimoine est la source de l'identité et de la sécurité du peuple et c'est pourquoi, ils le visent".


Mme Bokova a appelé à la solidarité en vue de faire face à " ces actes barbares ", ajoutant que le Liban avait assumé ses responsabilités à cet égard et qu'il constitue un exemple de solidarité pour tous les peuples de la terre.


Elle a ensuite rendu hommage au peuple libanais qui accueille des milliers de réfugiés, réitérant le soutien de l'UNESCO à ce pays afin qu'il puisse tenir à ses engagements.


La directrice de l'UNECSO a d'autre part salué " le rôle vital " joué par le Liban quant à la lutte contre le trafic illicite des antiquités et des biens culturels, soulignant que la capitale Beyrouth a été choisie comme siège d'un certain nombre d'initiatives lancées par l'UNESCO, dans le but de protéger le patrimoine culturel syrien.


Mme Bokova a enfin parlé du rôle "pionnier du Liban" dans la campagne #Unite4Heritage.


===================== N.KH.