Le ministre sortant de la Santé publique, le Dr. Firas Abiad, a fait le point sur la mise en œuvre du plan national quinquennal de lutte contre le cancer, initié en juillet 2023 dans le cadre de la stratégie nationale de santé 2030. Lors d’une conférence de presse organisée mardi au ministère, il a exposé les progrès réalisés en présence des membres du comité chargé du plan ainsi que de représentants d’ONG internationales et d’associations partenaires.
Une hausse inquiétante des cas de cancer
À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le ministre a rendu hommage aux patients, rappelant les grandes difficultés qu’ils ont affrontées il y a trois ans, notamment la pénurie de médicaments et l’absence de couverture hospitalière.
"Le Liban est confronté à de multiples facteurs favorisant la maladie, et les chiffres montrent une augmentation préoccupante du nombre de cas", a-t-il déclaré, précisant que 90 nouveaux dossiers de patients atteints de cancer ont été déposés en une seule semaine, un chiffre alarmant.
Il a également souligné que le tabagisme au Liban atteint des niveaux parmi les plus élevés au monde, avec un taux oscillant entre 50 % et 70 % de la population, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors qu’il est de seulement 11 % en Australie. Outre le tabac, la pollution environnementale et le manque de programmes de prévention et de dépistage précoce constituent des défis majeurs.
Des mesures concrètes pour une meilleure prise en charge
Le ministre a détaillé les avancées réalisées au cours de l’année écoulée :
- Baisse du coût des médicaments : Grâce aux appels d’offres du ministère, les prix des traitements contre le cancer ont été réduits de 38 %, permettant l’achat de quantités plus importantes.
- Sécurisation des stocks de médicaments : Pour la première fois, un stock couvrant au moins cinq mois est disponible, garantissant une continuité des soins pour les patients.
- Amélioration de la distribution : La livraison des médicaments est désormais plus régulière, avec une réduction significative des retards.
- Élargissement de la couverture médicale : Dès mi-février, le ministère prendra en charge de nouveaux traitements jusque-là exclus des protocoles existants.
- Renforcement des unités de soins en hôpitaux publics : En partenariat avec le Croissant-Rouge qatari, sept nouvelles unités de traitement ambulatoire ont été ouvertes, avec deux autres prévues prochainement. Ces infrastructures permettent aux patients d’accéder aux soins à moindre coût et plus près de chez eux, évitant ainsi les frais élevés des hôpitaux privés. De nombreux traitements y sont d’ailleurs fournis gratuitement, réduisant le coût d’une séance à environ trois millions de livres libanaises, une somme bien inférieure aux tarifs du secteur privé.
Une stratégie nationale coordonnée et durable
Le Programme national du cancer, considéré comme l’un des plus grands progrès réalisés, regroupe tous les acteurs impliqués : médecins, soignants, chercheurs, hôpitaux, syndicats, associations de patients et entreprises pharmaceutiques. Cette collaboration permet une meilleure coordination des efforts pour lutter contre cette maladie.
Enfin, le dr Firas Abiad a insisté sur le fait que le plan ne se limite pas au traitement des patients. Il englobe également la prévention, le dépistage précoce, la collecte de données via un registre national du cancer et la réhabilitation des patients. Il a conclu en exprimant sa gratitude aux partenaires qui soutiennent cette initiative cruciale pour la santé publique.