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Discours du président de la République à la veille de la commémoration du 13 avril

ANI – Le président de la République, Joseph Aoun, s’est adressé ce soir aux Libanais à l’occasion de la 50ieme commémoration de la guerre civile au Liban.

Ci-dessous le texte de l’allocution :

« Chères libanaises, chers libanais,

Aujourd'hui, en ce moment même, je m'adresse à vous, ouvertement et en toute franchise, à la veille du 13 avril, en commémoration du cinquantième anniversaire de ce jour sinistre. Cinquante ans ont passé, et ceux qui sont nés ce jour-là ont dépassé la cinquantaine, menant une vie marquée par l'angoisse, la peur et l'instabilité. Quant à ceux qui, en 1976, se réjouissaient de choisir leurs représentants pour la première fois, ils ont aujourd'hui soixante-dix ans ou plus, sans pour autant avoir eu peut-être l’occasion de choisir le Liban qu'ils désirent.

Cinquante ans, deux générations entières, dont les jours ont été perdus, dont les rêves ont été brisés, dont les vies ont été gâchées, et qui vivent toujours dans l’incertitude.  En cette occasion, il est encore plus important que nous nous souvenions des milliers de martyrs tombés dans tout le Liban, des milliers de blessés dont les blessures sont encore visibles, des milliers de familles dont les plaies sont encore béantes, et des disparus qui, avec leurs familles, resteront les victimes perpétuelles de la guerre.

Cinquante ans plus tard, je me demande, et je demande à tous les responsables : pourquoi ? Il est vrai que la guerre a pris fin avec l'accord de Taëf, qui comprenait d'importants règlements alignés sur le pacte national et des amendements constitutionnels de fond, mais la question demeure : n'était-il pas possible d'obtenir ces amendements par le dialogue, sans devoir recourir à la guerre ? N'aurions-nous pas pu développer notre système par le dialogue et le consensus, sans destructions ni batailles ? Nous avions certainement ce qu'il fallait pour le faire. Pourquoi n'y sommes-nous pas parvenus ?

Oui, nous avons une grande responsabilité à cet égard ; la responsabilité incombe également à de nombreux facteurs inhibiteurs externes qui ont contribué au déclenchement de notre guerre, qui s'est croisée avec les guerres des autres, mais qui s'est déroulée exclusivement sur notre sol, a fait couler notre propre sang et nous a fait payer le prix à nous seuls.

Aujourd'hui, un demi-siècle après cette tragédie qui a engendré d'autres tragédies, je suis venu transmettre le message suivant à mes compatriotes libanais : nous devons avoir tiré les leçons de ces cinquante dernières années. La première leçon tirée est que la violence et la haine ne résolvent aucune question au Liban, et que seul le dialogue permet de trouver toutes les solutions à nos problèmes internes et systémiques, car notre pays repose sur des constantes, dont la première consiste à ce que personne n'élimine l'autre.

La deuxième leçon est que chaque fois qu'une personne s'appuie sur des puissances étrangères pour manipuler son partenaire local, elle a déjà perdu, son partenaire a perdu et le pays a perdu. Nous avons tous commis cette erreur et en avons payé le prix, et il est temps d'en tirer les leçons. Il est grand temps pour nous de réaliser que, quel que soit le coût d'un règlement interne, il reste moins élevé pour nous tous et pour le Liban que le prix que nous payons à des puissances étrangères.

La troisième leçon est que l'État libanais est le seul recours pour nous tous dans ce pays. Après cinquante ans de guerre et peu de temps après la célébration du centenaire du Grand Liban, nous sommes arrivés à la conclusion que ni les idées qui ne tiennent pas compte du Liban dans sa totalité n'ont leur place dans la réalité libanaise, ni les illusions qui dépassent les frontières du Liban n'ont fait de bien à notre pays et à son peuple.

Nous avons ainsi tous exprimé notre foi dans le Liban servant de patrie ultime pour nous tous. Lorsque nous affirmons : « Quoi que nous fassions, seul l’État libanais nous permettra de surmonter les épreuves », nous entendons par là ses institutions et notre engagement mutuel à être tous égaux, même en cas de désaccord.

Ainsi, aucun de nous ne sera intimidé, ni intimidateur. Aucun de nous ne sera oppresseur, ni opprimé. Aucun de nous ne sera injuste, ni lésé. Nous sommes tous, comme je ne cesse de le répéter, unis sous une même bannière et porteurs d'une même identité.

Il y a quelques jours, des roquettes non revendiquées ont été tirées depuis le sud du Liban. Le peuple libanais a unanimement reconnu que cet incident visait le Liban et constituait un complot insidieux mettant en péril la stabilité de notre pays et la sécurité de notre peuple. En fait, cet incident fournit un prétexte supplémentaire à ceux qui ne cherchent pas d'excuse pour nous attaquer, et affaiblit la position de l'État libanais face aux acteurs internationaux qui nous soutiennent et à nos amis qui sont prêts à nous aider. Il est essentiel que le peuple libanais ait unanimement condamné ces pratiques et rejeté ces violations. Le Conseil suprême islamique chiite a même pris l'initiative de déposer une plainte contre les auteurs de cet acte, une mesure louable, appréciée, et qui revêt une importance particulière.

Qu’il me soit donc permis de dire aujourd'hui que le moment est venu pour nous de tirer la dernière leçon de ces cinquante années écoulées depuis le 13 avril… Il est temps pour nous tous de dire : seul l'État nous protège… un État fort, souverain, juste et présent… un État issu de la volonté du peuple libanais et qui œuvre pour son bien-être, sa paix et sa prospérité. Tant que nous considérons unanimement que tout port d’armes qui ne serait pas placé sous l'autorité de l'État ou qui ne s’opérerait pas sur sa décision mettrait en péril les intérêts du Liban pour plus d'une raison, il est temps pour nous tous de dire : le Liban ne peut être protégé que par son État, son armée et ses forces de sécurité officielles. Il est temps également pour nous d'adhérer à cette position, afin de préserver le Liban, de prouver que nous avons tiré les leçons des cinquante années de guerres insensées, et de dire à ceux qui nous ont quittés et à ceux qui sont encore parmi nous : je jure par vos sacrifices que nous avons enterré la guerre pour de bon et que nous ne pouvons pas nous permettre d'y retourner ni de la laisser revenir.

Je jure aussi par vos enfants et les générations futures que notre unité est notre arme, et que notre arme est notre armée, afin que tous les jours des cinquante années à venir soient remplis de bonté, de paix, de joie et de vie, car la vie et nous sommes faits l'un pour l'autre.

Vive le Liban!”

 

  ====================D.CH.

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