ANI – Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Boutros Rahi, a présidé la messe dominicale à Bkerké.
Le prélat a indiqué dans son homélie que « nos conflits concurrencent et détruisent la volonté de vivre ensemble, et la mentalité du gain prévaut sur la mentalité de solidarité, comme si le Liban était un projet de postes, et non un projet d’État ».
« Le pays plongé dans la situation de paralysie souffre d'un déficit de souveraineté, d'interventions extérieures visant à exacerber la division, d'un dysfonctionnement de la vie politique et démocratique, d'une augmentation des dettes, d'une augmentation du nombre de pauvres, d'une hausse du taux de chômage, ainsi que d'un ralentissement de la production agricole et industrielle, qui est submergée par le marché des biens étrangers. Nous remercions les pays amis qui aident le Liban à guérir de sa paralysie », a-t-il ajouté.
Et Rahi de poursuivre : « Si l'on se penche sur les transformations des peuples d'Europe de l'Ouest après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et des peuples d'Europe de l'Est après leur sortie de l'occupation soviétique entre 1989 et 1991, on constate comment ils ont tiré des leçons de leurs tragédies. On voit comment ils se sont unis, réconciliés, et ont purifié leur mémoire. Comment ils ont eu le courage de revendiquer leur droit à l'autodétermination. Comment ils ont surmonté leurs conflits internes pour renaître. Comment ils ont quitté leurs luttes régionales et religieuses pour se diriger vers une centralité. Comment ils ont éradiqué leurs courants idéologiques extrémistes et racistes. Comment ils ont rompu avec leurs fidélités envers des étrangers pour s'engager dans la foi en leurs nations. Comment ils ont transitionné d'une logique de puissance militaire à une logique de puissance pacifique et économique.
En regardant le Liban, et en observant comment nous avons agi après chaque crise, calamité, guerre et occupation, notre foi en notre unité nationale a été mise à l'épreuve. Il semble que nos conflits rivalisent avec notre volonté de vivre ensemble et l'entravent, et que la mentalité de profit l’emporte sur celle de la solidarité, comme si le Liban était un projet de postes plutôt qu'un projet d'État. Nous espérons, après tous les événements récents dans la région et au Liban, dans le contexte d'un intérêt positif des pays envers le Liban, et en présence d'un président qui protège la constitution et sauvegarde l'unité interne en bénéficiant de la confiance nationale et internationale, que le peuple libanais et les partis s'arment d'une philosophie positive, d'un état d'esprit enthousiaste, de personnalités crédibles, et que le Liban soit couronné d'un système de neutralité positive, lui permettant de jouer son rôle dans le message de paix et de dialogue, de protéger les droits des peuples, les libertés publiques, de respecter la dignité humaine et de vivre ensemble harmonieusement entre chrétiens et musulmans ».
===============D.CH.