ANI - Le président de la République, Joseph Aoun, a prononcé le discours suivant lors de l'iftar de Dar el-Fatwa.
"Votre Éminence le Grand Mufti de la République, hôte de cet Iftar,
Votre Excellence le Président du Parlement,
Votre Excellence le Président du Conseil des ministres,
Vos Excellences Messieurs les anciens présidents et premiers ministres,
Vos Béatitudes et Éminences,
Excellences Messieurs les ministres et les membres du Parlement,
Honorables invités,
C’est avec un grand plaisir que j'ai accepté l'invitation de Son Éminence le Cheikh Abdel Latif Derian, Grand Mufti de la République, à prendre part à cet Iftar organisé par Dar Al-Fatwa en ces jours bénis du mois sacré du Ramadan, mois de la compassion, pour la première fois après plusieurs années d'interruption forcée à cause des circonstances contraignantes. La Providence a voulu que le mois saint du Ramadan coïncide cette année avec le Grand Carême. Car à travers le jeûne, pratique spirituelle commune aux musulmans et aux chrétiens, l’on se rapproche de Dieu par la prière, le culte, le repentir, le pardon, la patience, la retenue, la bonne volonté et la solidarité avec les pauvres et les indigents. Heureusement, c'est ce que nous voyons et ressentons dans notre société pendant ce mois béni.
Alors que le jeûne nous enjoint à faire preuve de solidarité et d’unité, le mois du Ramadan vient nous rappeler opportunément l'importance de la participation et de l’engagement envers les questions qui interpellent notre nation. Car le Liban que nous chérissons tant est un message et un exemple de diversité et de pluralisme. Il s’agit d’une patrie intégratrice où chacun, toutes appartenances et convictions confondues, trouve sa place ; d'où l'importance de la participation politique de la société libanaise dans son ensemble, sans marginalisation, isolement ou exclusion d'aucun segment de la société. Une telle participation repose sur le principe fondamental du respect de la Constitution et du document d'entente national ainsi que de leur interprétation pertinente se basant sur des préceptes réels et juridiques plutôt que sur des intérêts politiques, confessionnels, sectaires ou manifestes. Tout en étant soucieux de protéger la diversité et la spécificité du Liban, l'État libanais s'engage avant tout, à travers ses différentes institutions, à préserver l'entité libanaise et le peuple libanais ; ainsi, aucun projet ne doit l'emporter sur celui d'un État fort, compétent et juste, qui devrait être bâti avec des efforts concertés.
Honorables invités,
Compte tenu des défis auxquels notre pays est confronté, la mise en œuvre de la résolution 1701 et de l’accord de cessez-le-feu s’impose comme une question politique cruciale qui requiert une attention et une diligence particulières de notre part. En effet, le Liban ne pourra pas jouir de la stabilité et de la prospérité à la lumière des tensions persistantes le long de sa frontière Sud. Les zones touchées ne pourront reprendre une vie normale qu’avec la mise en œuvre des résolutions internationales garantissant la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban, ainsi qu’avec le retrait de l'occupant de notre territoire et le rapatriement des prisonniers désireux de retourner dans leur patrie et leurs familles.
Cela nécessitera également la mobilisation de la communauté internationale pour qu’elle assume ses responsabilités en remplissant les garanties et en honorant les engagements énoncés, ainsi qu'en traduisant en pratique ses expressions de soutien à l'État libanais.
La reconstruction après les destructions causées par la guerre appelle à une réponse diligente et sincère de notre part à tous, exige que l'État intensifie ses efforts tant sur le plan interne que sur le plan externe, et nécessite un effort concerté de la part de la société civile, des acteurs frères et amis et du secteur privé pour reconstruire ce qui a été détruit, panser les blessures des personnes touchées et ouvrir une nouvelle page de l'histoire du Liban.
Invités distingués,
Les défis auxquels le liban est confronté sont complexes et variés ; cependant, la volonté de vivre du peuple libanais prend le dessus, afin de construire un Liban fort qui puise sa force dans son État et ses institutions, un Liban prospère qui tire sa prospérité de son économie et de ses ressources, un Liban brillant qui s'inspire de sa culture et de sa civilisation, un Liban fidèle qui assume son identité et son appartenance, et un Liban tourné vers l'extérieur et largement ouvert sur son environnement arabe et sur le monde.
Enfin, je voudrais exprimer ma gratitude à notre hôte, Son Éminence le Grand Mufti de la République, le Cheikh Dr Abdul Latif Derian, pour son aimable invitation.
Ramadan Mubarak, vive le Liban !"