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Hariri à Europe 1 : La fin de la politique des assassinats, au Liban

ANI - L'ancien Premier ministre Saad Hariri était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach ce matin sur Europe 1. Voici une transcription de l'interview, que l'on peut écouter sur le site d'Europe 1.



Jean-Pierre Elkabbach : Le Tribunal International de La Haye a commencé le long procès des cinq assassins de Rafic Hariri votre père, bienvenue ce matin parmi nous à Europe 1, vous qui parlez si rarement, Bonjour.



Pendant deux jours, vous venez d'assister au procès et vous étiez au dernier rang de la partie civile. Qu'avez-vous ressenti ?



Saad Hariri : J'ai ressenti que depuis 50 ans au Liban, les assassinats politiques font la politique. Finalement, pour la première fois, un tribunal tente de mettre fin à l'impunité et à la politique des assassinats. C'est la vraie défense de la démocratie et de la liberté du Liban.
Vous avez été ému?



J'ai été très ému: j'ai vu comment ils ont assassiné un homme modéré, mon père. Finalement, on voit la Justice que le Liban attend depuis toujours.



Les cinq tueurs sont jugés par contumace, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas là. Est-on sûr de celui ou ceux qui ont commandité le crime de votre père ?



Les cinq accusés sont des membres du Hezbollah, une organisation qui a une hiérarchie. Je crois que tout le monde sait qui a donné l'ordre: c'est Bachar El-Assad.
ça c'est sur maintenant ?



Je crois que c'est sûr.



Ils appartiennent comme vous dites au Hezbollah qui les cache et protège ces hommes à Beyrouth. Personne ne peut aller les chercher chez le Hezbollah?



Un jour on ira les chercher. Personne n'est trop fort. On a attrapé Milosevic, on l'a mis en prison. Je crois que les assassins de mon père seront un jour en prison.



C'est-à-dire que vous pensez qu'un jour les cinq accusés vont payer?



Oui, ils vont payer.



Il a fallu neuf ans pour ce procès, Saad Hariri, consacré à l'attentat contre votre père qui avait fait 22 morts et 252 blessés. Pourquoi est-il important que la Justice internationale fasse ce long procès ?



Parce que pendant cinquante ans il y a eu l'impunité au Liban. C'est la première fois que la communauté internationale fait un procès de justice au Liban et dans le monde arabe, et arrête les assassinats politiques au Liban.



La France a-t-elle joué un rôle pour ce procès ?



La France a joué un très grand rôle : les présidents Chirac, Sarkozy, Hollande, ils ont toujours été (comme un seul) homme, sur le tribunal, sur la Justice, pour le Liban.
Allez-vous pardonner, oublier ?



La Justice n'oublie pas, ne pardonne pas. Je veux la Justice. Je ne veux pas pardonner, je ne veux pas oublier. C'est une Justice non seulement pour mon père mais aussi pour 11 personnes qui ont aussi été assassinées politiquement.



Vous êtes le chef de l'opposition. Vous êtes prêt à dialoguer, avec votre parti, et à déléguer pour votre parti un gouvernement de transition. Pas vous. Vous pouvez imaginer siéger aux côtés des assassins de votre père?



Vous savez, pour moi, l'intérêt du Liban est plus important que moi-même. Le procès du tribunal continue, le gouvernement du Liban est important pour ces 2, 3 ou 4 mois, car il y a des élections présidentielles. C'est pour cela que nous pensons qu'il faut placer le Liban avant nous-mêmes.



Le président dans la constitution libanaise ne peut être qu'un chrétien donc vous ne serez pas candidat. Mais vous dites il ne faut pas la violence et la vengeance mais d'abord le Liban. Mais avant de prolonger, je voudrais vous rappeler qu'en France, vous l'avez entendu et dans le journal, Manuel Valls a révélé le nombre de jeunes mineurs de 15, 16 ans qui font le jihad en Syrie. Les parents et le gouvernement sont inquiets. Que faut-il faire à votre avis ?



Vous savez, le seul moyen d'arrêter la manipulation des jeunes qui vont combattre en Syrie, c'est d'arrêter le massacre de Bachar El-Assad contre les Syriens. C'est lui qui a sorti Al Qaïda de ses prisons. C'est une information que les gens doivent savoir! Les chefs d'Al Qaïda étaient dans les prisons de Bachar El-Assad ! Bachar El Assad les a relâchés. Aujourd'hui, ces jeunes, selon moi, sont victimes de l'extrémisme, comme les 150.000 victimes qui ont été tuées par Bachar El-Assad.
Vous dites, Saad Hariri, que ce sont comme des sectes?



Bien sur ce sont des sectes. On manipule les gens, les jeunes, comme pour le trafic de drogue, pour les crimes. Il y a maintenant des sectes comme Al Qaïda qui manipulent les gens pour aller combattre en Syrie.



A Ryad, en décembre après l'assassinat à Beyrouth de votre ami et proche Mohammad Chatah, vous avez rencontré le président de la république française François Hollande. Mais Mohammad Chatah a été lui aussi victime de Bachar ?



Oui, bien sûr. C'était un de mes très proches conseillers, il a été tué en plein jour à Beyrouth. Le Président Hollande avec l'Arabie Saoudite, quand il y est allé, ont décidé d'aider l'armée libanaise: L'Arabie a donné 3 milliards de dollars pour acheter des équipements français pour l'armée libanaise, pour combattre l'extrémisme.



C'est important pour vous, pour le Liban ?



C'est important pour le Liban bien sûr.
A Paris comme à Ryad, parce que vous êtes exilé. Depuis combien de temps ?



Je suis exilé depuis bientôt trois ans, dans trois mois ça fera trois ans.



Trois ans sans voir votre pays. Je pense que votre pays vous manque ?



Oui, beaucoup.



Vous avez une protection rapprochée. Parce qu'il y a des menaces?



Oui, parce qu'il y a des menaces. Ceux qui ont tué Rafic Hariri peuvent tuer Saad Hariri.



Mercredi la conférence sur la Syrie va commencer. Elle est voulue par la France, la Russie et les Etats-Unis. Que doit-on faire de Bachar El-Assad ?



Il doit s'en aller, partir. Il ne peut pas y avoir un président comme Bachar El-Assad à la tête de la Syrie.



Est-ce que vous croyez que les Russes et les Iraniens vont réussir à convaincre Bachar El- Assad de ne pas être candidat à sa réélection, donc de partir?



C'est le job de la Russie, de l'Iran de dire à Bachar El-Assad de s'en aller. Les Syriens ne veulent pas de Bachar El-Assad. Bachar El-Assad, c'est lui le vrai Al Qaïda que tout le monde doit combattre aujourd'hui!



Rafic Hariri, votre père, construisait un Liban moderne et modéré. Que dit son fils aux Libanais et au peuple arabe ?



Vous savez le pape Jean-Paul II a dit du Liban que c'est un pays message. Message de coexistence, de pluralité, de rencontre, de modération. Mon père a donné sa vie pour défendre ce message. Moi, son fils, je continue à croire en son message, je continuerai à le défendre. Le Liban et les Libanais le méritent.



Je vous remercie de parler français, vous qui parlez peut être plus facilement anglais ou arabe. Vous rentrerez dans votre pays? Je ne dis pas un jour. En septembre, il y aura des élections: est-ce que vous pourrez y retourner pour avoir une majorité et peut être pour devenir Premier ministre?



Bien sûr ! Je vais retourner au Liban pour les élections et pour être un jour le Premier ministre.



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